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January 10, 2023

CONGO BRAZZAVILLE: Depeches de Brazzaville
“Le défi du Darfour”            

Appelée de tous ses vœux par la communauté internationale, la force hydride Union africaine - Nations unies, la Minuad (Mission des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour) est opérationnelle, officiellement, depuis le 31 décembre. Force de paix et de stabilisation, elle devra à terme compter 26.000 hommes, mais n'a pour le moment mobilisé que le tiers de ses effectifs.  

A peine installée, cette force a été confrontée à une première épreuve de feu lundi, enregistrant un blessé grave dans une attaque qui visait ses troupes en zone dangereuse. Que cette attaque ait été imputée à l'armée soudanaise et qu'elle ait naturellement provoqué une levée de boucliers des diplomates onusiens prouvent bien qu'elle n'aura pas la tâche facile au Darfour.  

Chacun l'a vu, la mise en place de la force hybride a été laborieuse si l'on considère le long épisode des négociations avec les autorités soudaines. En même temps, les pays pourvoyeurs de moyens destinés à soutenir la Minuad se montrent moins pressés que lorsqu'ils appelaient à l'envoi des troupes au Darfour pour stopper l'errance des milliers de personnes démunies dans cette région troublée et sauver des vies.  

Comme l'a été la force africaine récemment, incapable de peser sur les événements et de s'interposer entre les belligérants faute de moyens matériels et logistiques, la force conjuguée UA-ONU risque de subir de graves revers. La première exigence de cette nouvelle aventure qui doit impérativement être satisfaite est donc celle des effectifs et des moyens. L'objectif de la Minuad, cela été dit, n'est pas de faire la guerre au Darfour contre l'Etat soudanais, ce qui n'empêche nullement Khartoum de faire allusion à la violation de sa souveraineté.  

Tout indique cependant que si un jour la Minuad dispose de moyens conséquents, si elle réunit les 26.000 hommes attendus, il faudra lui assigner des missions suffisamment claires pour parvenir à ses fins : c'est-à-dire donner espoir aux populations prises en tenaille entre les « forces négatives » qui opèrent dans la région du Darfour. 

Pour cela, il est indispensable que la diplomatie internationale aille au devant des intérêts des Etats afin de mériter la confiance que les populations en difficulté placent souvent dans l'escarcelle humanitaire de l'Organisation des Nations. Un défi que les neuf mille soldats en poste au Darfour, privés des moyens de défense nécessaires, ne sauraient pour l'instant relever même s'ils battent pavillon Union africaine-Nations unies.