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Organisation Non Gouvernementale ayant Statut spécial à l’ECOSOC aux Nations Unies, membre observateur à la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) de l’Union Africaine |
5ème JOURNEE MONDIALE SUR LE DARFOUR
Déclaration
Par Alioune TINE, Secrétaire Général de la RADDHO
AGIR ENSEMBLE POUR LA PAIX AU DARFOUR
Monsieur le Ministre d’Etat Ministre des Affaires étrangère,
Mesdames et messieurs les ambassadeurs,
Les représentants des organisations de la société civile,
Mesdames et messieurs les journalistes,
Chers amis ;
Monsieur le ministre d’Etat,
C’est un honneur et un grand plaisir de vous recevoir parmi nous, de recevoir le chef de la diplomatie sénégalaise qui se distingue de plus en plus par son dynamisme, son courage, son savoir-faire et son engagement panafricain dont nous sommes les témoins privilégies à l’Union africaine (Ua), à la CEDEAO et aux Nations Unies (UN).
Nous avons eu un long compagnonnage à la RADDHO dont vous êtes l’un des membres fondateurs et sur le terrain des droits de l’homme comme membre du Gouvernement où nous avons eu l’occasion de travailler avec vous sur beaucoup de questions parmi lesquelles la tragédie du Darfour dont on vous doit les premières interventions à l’Union africaine. Nous profitons également de l’occasion pour vous dire que nous sommes en phase avec vos positions lucides et pertinentes concernant la crise kenyane.
Monsieur le ministre d’Etat,
Messieurs les Ambassadeurs et chers amis ;
Depuis 2003, le Darfour est en proie à une tragédie qui suscite beaucoup de réactions de la communauté africaine et internationale, des organisations de la société civile, de l’opinion internationale mais peu d’actions efficaces de nature à mettre un terme aux souffrances de milliers d’êtres humains qui ont le sentiment d’avoir été abandonnés à leur sort ou simplement d’avoir été oubliés par le reste du monde.
Nous avons justement organisé cette table ronde à l’occasion de cette 5ème journée mondiale (Qu’on espère être l’ultime) pour nous rappeler à nous-mêmes et rappeler au monde entier que cette tragédie qui perdure est inacceptable. Aujourd’hui, c’est être redondant que de dire que nous assistons au pourrissement de la situation et que le seuil critique du désespoir a largement été dépassé par les populations meurtries du Darfour.
L’objectif de la table ronde d’aujourd’hui, consiste à trouver les moyens d’agir ensemble pour la paix au Darfour.
Pour ce faire, nous avons invité les ambassadeurs représentant les pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, ceux de l’Union africaine, de l’Union européenne et les membres de la société civile pour tenter de dégager ensemble les pistes susceptibles de contribuer à l’amélioration de la situation humanitaire, de consolider le processus de paix et enfin de soulever la lancinante question de l’impunité au Darfour.
Situation humanitaire
Concernant la situation humanitaire, même si l’on note une amélioration sensible, force est de constater que les bombardements, les tueries, les viols et autres crimes abominables continuent d’être commis en toute impunité dans l’impuissance totale de la communauté africaine et internationale.
En dépit de la résolution 1769 et du déploiement encore timide de la MINUAD, les moyens logistiques et humains font cruellement défaut pour protéger efficacement la sécurité des personnes et des biens au Darfour.
Pire, la guerre civile au Tchad dans laquelle la rébellion armée Tchadienne venue de l’est va contribuer à l’exacerbation des tensions géopolitiques dans la sous région, gêner le déploiement des troupes de l’Eufor, compliquer la mission de la MINUAD et des médiateurs de l’UA et de l’ONU. Rien dans le contexte géopolitique de la sous région n’incite à l’optimisme quant à la consolidation du processus de paix.
Cette tragédie a coûté la vie à près de trois cents mille (300.000) personnes, fait deux millions cinq cent mille (2.500.000) personnes déplacées.
La guerre civile au Tchad est réellement une menace supplémentaire pour les cinq cents mille (500.000) réfugiés Darfouriens vivants dans ce pays.
Enfin la RADDHO salue la contribution concrète de deux (2) pays de l’Union Africaine notamment l’Ethiopie et l’Egypte qui ont fourni des hélicoptères aux troupes de la MINUAD et réitère la sollicitation des organisations de la Société Civile africaine auprès des Etats-Unis, des Pays de l’Union Européenne et de la Chine pour qu’ils fournissent le soutien logistique et financier nécessaire pour faire face aux défis humanitaires de la tragédie du Darfour.
Processus de paix
Avec l’adoption de la résolution 1769 des Nations Unies, le processus de paix engagé au Soudan dans le cadre d’une collaboration Nations Unies /Union africaine avec la mise en place d’un tandem des médiateurs : Salim Ahmed Salim, représentant Alpha Oumar Konaré et Jan Eliasson représentant Ban Ki Moon, Secrétaire général des Nations Unies, un réel espoir était né pour la consolidation du processus de paix au Darfour. Depuis lors, aucun progrès notable n’a été ressenti sur le terrain. Du fait, du comportement du Gouvernement soudanais mais aussi de la fragmentation et de la division existant au sein des différents mouvements de rébellions armées au Darfour. Aujourd’hui, on en compte plus de 23, ce qui ne rend pas aisée la tâche des médiateurs de l’UA et de l’ONU.
Conscientes de la situation, des organisations de la société civile comme Femmes Africa Solidarité (FAS) ont pu réunir avant le sommet de l’UA plus d’une centaine de femmes du Darfour et du continent pour examiner les moyens de les impliquer concrètement dans le processus de paix. Le soutien des personnalités comme Mary Robinson et Gracia Machel a beaucoup contribué au succès de ce processus. Le soutien de l’UA et de l’ONU est absolument nécessaire pour permettre aux femmes du Darfour de jouer leur partition.
La RADDHO recommande la mise en œuvre des conclusions pertinentes de ce pré sommet.
La question de l’impunité
Les crimes commis au Darfour de façon quotidienne et en l’occurrence les viols et autres violences faites aux femmes sont exécrables, les bombardements répétés sur les populations civiles sont inqualifiables, les vols, pillages et assassinats sur les travailleurs humanitaires font de cette région un véritable enfer. Si bien que les juristes les plus modérés qualifient ces actes de crimes contre l’humanité, d’actes de génocides et les plus radicaux parlent carrément de génocide au Darfour. Tout cela est simplement une honte pour le genre humain.
L’ONU détient la liste de la plupart de ces auteurs de crimes abominables qui appartiennent à la fois au Gouvernement de Khartoum et à certains membres de la rébellion armée. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) en a inculpé certains. Il faut que l’Union africaine fasse pression sur les belligérants pour que ces individus répondent de leurs crimes devant la CPI.
LA RADDHO RECOMMANDE :
Au Gouvernement soudanais :
- Le respect des accords de cessez-le-feu, la cessation des attaques armées contre les populations civiles, les organisations humanitaires et les forces de la mission de l’Union Africaine ;
- Le respect des engagements relatifs à la mise en œuvre de la résolution 1769, en facilitant et en accélérant le déploiement de la MINUAD ;
- La cessation de tout soutien aux mouvements politiques armés du Tchad basés sur son territoire ;
- La dissolution des milices armées « Djandjawids » et la mise en place d’un programme DDR (Démobilisation, Désarmement, Réinsertion Sociale) ;
- La Facilitation du travail, la circulation des agences et ONG humanitaires au Darfour ;
Au Gouvernement tchadien ;
La cessation de tout soutien aux mouvements de rébellions armées du Darfour notamment le MJE et le MLS présents sur le territoire tchadien ;
A la France
De faciliter le dialogue politique national entre tous les Tchadiens pour la restauration de la sécurité dans la sous région et d’une paix durable au Tchad.
Rappel
- Le Darfour : superficie 490.000 km2(aussi vaste que la France) partage des frontières avec la Libye(140km), le Tchad(1300 km) population à 5 millions d’habitants.
- Composé d’une trentaine de tribus et groupes ethniques dont les Four, Bani Halba, tujjur, Barti, Habania, Zagawa, Guimir, Bani mansour, Massalit, Fallata, Bingia, Guimir, Bani, Mansour Maarit, Hawara, Jawarmaa.
- Situation humanitaire : L’ONU estime que près de 4 millions de personnes ont besoin de l’aide humanitaire au Darfour, cela inclut 2 millions de personnes déplacées. Les attaques au Darfour n’ont pas épargné les agences et organisations humanitaires sur le terrain,que les travailleurs humanitaires ont été tués,plusieurs véhicules volés,de même que l’aide destinée aux réfugiés. C’est ainsi que l’OXFAM a quitté Guéréda.
- La violence sexuelle : Les femmes sont en permanence l’objet de violences, de viol, sans compter l’usage de l’esclavage sexuel pire sont obligées de faire la cuisine et le ménage pour leurs bourreaux.
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